mercredi 23 décembre 2009

Vanderbilt, Le Cygne



Il m'apparaît aujourd'hui (de façon très simpliste - mais je n'ai pour l'heure aucune envie de me fourvoyer dans un sujet de "sociologie du parfum"- ) que dans l'immense famille des parfums, il y a les grands nobles (ceux qui n'ont plus rien à prouver et trônent depuis des décennies sur l'empire parfumé), les arrivistes et parvenus ( parfums bling-blings et autres "hors de prix" qui n'ont souvent que cela de particulier...), les marginaux, et enfin les petits humbles, jeunes ou anciens que l'on trouve juste à côté des colognes bon-marché des rayons Monop' mais qui ont l'art d'éveiller nos émotions parfois mieux encore que certaines vieilles barbes du parfum, encore toutes auréolées de gloire passée!
Vanderbilt, le plus ancien de la marque, celui au packaging mauve tendre représentant un Cygne, fait partie de cette dernière section.
Il a été créé en 1982 par l'immense Sophia Grojsman.
Ce parfum évoque pour moi la douceur dans toute sa féminité. Il s'ouvre sur des notes fraîches et subtiles légèrement aldéhydées, de bergamote, de notes vertes, de fleur d'oranger et de lavande.
Il évolue doucement sans heurt aucun, comme dans une brume, vers des notes fleuries de jasmin blanc, de fleur d'oranger, de rose, d'oeillet et d'iris (ces deux derniers confèrent d'ailleurs une gracieuse touche poudrée à l'ensemble). Le fond se patine et se cuire très légèrement à mon nez avec des notes de cannelle, de musc, d'opopanax et de santal crémeux.
L'ensemble est vraiment très harmonieux, féminissime et d'une douceur inouïe...
Qui plus est, il se marie à merveille avec les saisons, toutes! Mais moi je le préfère par temps froid avec un pull en cashemire, c'est d'ailleurs à cette matière douce, chaude, portée à même la peau, qu'il me fait songer.

A vos (petites) bourses , prêtes, partez ! ;o)

jeudi 3 décembre 2009

George Sand - Les parfums historiques- Maître Parfumeur et Gantier.


L'automne prend fin... Les arbres, ces géants téméraires qui chaque jour veillent paternellement sur nous, ont perdu leurs couronnes d'or pour nous dévoiler pudiquement et dans un silence qui leur appartient, leur sombre squelette.
Empereurs dénudés, décatis, ils s'endorment dans l'attente d'un renouveau, et exposent ainsi à nos yeux affligés, leurs silhouettes se détachant des terres comme autant de mains crispées, tendues vers le ciel.

L'automne prend fin...Et si parfois nos pensées sont à la couleur de ce ciel bas et gris, tâchons de débusquer des instants d'agrément volés au détour d'images, de sons, de parfums.
Il en est un justement, qui me chuchote des mots, des phrases, il en est un dont j'ouvre le flacon comme une lettre enrubannée, cachetée...auprès de l'âtre.
L'Eau de Parfum, George Sand.

Ce parfum me transporte dans la bibliothèque d'une demeure bourgeoise où les étagères fourmillent d'ouvrages de toutes formes, des manuscrits reliés à l'emporte pièce aux plus beaux livres vêtus de cuir odorant.
La parquet en chêne massif craque sous les pas...

L'eau de parfum a été conçue et imaginée par le parfumeur Nicolas de Barry pour la (trop) discrète maison Maître Parfumeur et Gantier. Pour mener à bien le projet de ce jus à visée historique, Nicolas de Barry, a scrupuleusement fouillé les textes de George Sand et enquêté sur les goûts de cette femme peu commune. Aurore Dupin avait des penchants pour le moins affirmés. En témoigne son attirance pour les odeurs de caractère et notamment celle, puissante et terreuse du patchouli.
Ce fameux patchouli que l'on retrouve dans l'eau de parfum, mais attention, ici point de patchouli entêtant, façon Woodstock ou encens étourdissant. Non il s'agit là d'un patchouli discrêt, poli, entouré de bergamote et de citron de Sicile qui lui confère légèreté et pétulance. La rose lui tend la main, et l'ambre réchauffe son coeur.
Selon mon nez et ma sensibilité, L'eau de George Sand n'est pas un parfum sensuel comme j'ai pu le lire déjà. Au contraire je le trouve parfaitement "cérébral", une invitation à la lecture, à l'étude, à l'écriture ou à la contemplation.

"Olfactivement" on pourrait le rapprocher de deux célèbres parfums, orientaux et boisés: Opium d'abord, mais l'eau de George Sand est bien plus discrète, plus timide, plus sèche qu'Opium qui fait figure de "luxure" comparé à George Sand.
Il y a aussi dans les éditions de parfum de Fred. Malle, le très beau Noir Epices plus riche en épices (comme son nom l'indique...), mais dont la construction me semble assez parallèle à George Sand.

George Sand était femme à fumer le cigare, à porter pantalons et à dominer ses montures à califourchon, il serait de bonne guerre que ces messieurs aujourd'hui s'essayent à porter et adopter l'eau de parfum George Sand. Je l'ai sentie sur un homme et puis vous assurer que c'était fort réussi!
Sur une femme rien à dire, il est très beau aussi...

Tête: Citron et bergamote de Sicile
Coeur: Patchouli, rose et ambre
Fond: Musc et Santal

La distribution n'est pas large mais, Nohant étant à quelques encablures de chez moi, j'ai l'opportunité de me ravitailler à la charmante petite boutique attenante à la maison de George Sand.